Levons-nous pour dire « non » à l’excision !

Par Bekoutou Junior, JRC N’djamena

Parmi les pratiques traditionnelles au Tchad, les mutilations génitales féminines suscitent beaucoup de débats, surtout l’excision.

Cette pratique néfaste pour la santé des filles est largement répandue au Tchad. Souvent, pendant les vacances scolaires, période où les enfants disposent de temps libre et souhaiteraient se divertir, des milliers de filles sont envoyées au village pour subir ce rituel. C’est le cas de Marie-Ange : ‘’J’ai été excisée à l’âge de 13 ans quand j’étais à Sarh, une province située au sud du pays, parce que toute mes amies étaient excisées et ne me respectaient pas’’.

L’origine de cette pratique est très lointaine. Déjà en Grèce antique, on pratiquait la mutilation génitale sur les filles et les femmes esclaves pour empêcher ces dernières d’avoir des enfants. L’excision est une pratique courante dans la région du Mandoul, Moyen Chari, de la Tandjilé, mais également au Ouaddaï, au Guéra et au Salamat. Elle n’épargne ni les communautés du Sud ou du Nord, elle ne préserve ni les filles de la ville ou de la brousse.

Comme Marie-Ange, pour éviter les injures ou la stigmatisation, les filles se voient parfois obligées de subir cette pratique, quoique néfaste. Beaucoup de raisons peuvent motiver les parents à faire exciser leurs filles. Les facteurs d’ordre culturel et socio-économique sont d’ailleurs les plus complexes à combattre.

Dans l’idée de transmettre des valeurs aux jeunes générations et de pérenniser la culture de la communauté, les gens s’adonnent aveuglement à cette pratique sans penser à ses multiples conséquences. Les défenseurs de cette pratique avancent qu’une femme excisée sait mieux gérer les problèmes de la société que celle qui n’est pas excisée, désignée péjorativement sous le nom de ‘’koï’’ c’est-à-dire celle qui n’est pas « initiée. »

Le faible niveau d’éducation a un impact non négligeable sur la persistance de cette pratique bien que ses effets sur la santé de la fille soient catastrophiques. L’excision est aussi une activité économique dont les exciseuses et exciseurs au Tchad ne veulent pas abandonner, faute de sources de revenus alternatives. Une fille excisée rapporte 20 000 voire 25 000 fcfa aux exciseuses.

« Pour éduquer une fille a-t-on besoin de lui couper une partie de sons corps ? » déplore Mme Massalbaye Madjigaye, chargée de programme au comité National de Lutte contre les Pratiques Traditionnelles.

Malgré les multiples mises en garde des autorités administratives et les cris de détresse lancés par les organisations de lutte pour la promotion des droits de l’enfant, les comportements ne changent guère, l’excision reste ancrée dans les mentalités.

Pourtant, cette pratique n’est pas sans conséquences sur la santé des victimes tant lors de l’excision que dans la vie des filles excisées. Lors de l’excision, l’hémorragie peut causer la mort, la contraction des maladies transmises par le sang comme l’hépatite B, le VIH / sida. De plus, les filles excisées risquent de contracter des infections des voies génitales et urinaires ou de souffrir de l’altération de la sensibilité sexuelle ou d’incontinence urinaire. Enfin, beaucoup de complications peuvent survenir lors de l’accouchement souvent dues à la mauvaise cicatrisation de la blessure causée par l’excision.

Avec ces multiples complications sur le plan sanitaire, il faut ajouter l’échec scolaire car dans certains cas, les filles abandonnent les bancs de l’école pour se faire exciser. L’exemple le plus récent est celui de 24 filles âgées de 10 à 17 ans qui ont été excisées en cours de l’année scolaire dans le Mandoul Oriental.

Chers jeunes, ne nous laissons pas maltraiter, arrêtons de subir les mauvaises pratiques traditionnelles dont nous ne connaissons même pas le sens ni l’utilité. Soyons forts et disons « stop » car notre avenir en depend.

*Cet article représente l’opinion de son auteur et n’engage pas la responsabilité de l’UNICEF.

Une réflexion sur « Levons-nous pour dire « non » à l’excision ! »

  1. dénoncer cette pratique c’est aider chaque fille a vivre sans blessures et sans cicatrices. c’est aider chaque femme à vivre épanouie. et surtout de permettre à chaque femme de ne pas souffrir de mutilations génitales .
    je dis non à l’excision !!!

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