Par Alphonsine et Nathan*
Souleymane Mahamat est un expert en informatique. Approchant la trentaine, ce jeune tchadien dynamique de taille moyenne cherche encore comment exploiter tout son savoir. Malgré son diplôme en informatique, il n’a pas trouvé un travail qui correspond à ses qualifications et quand on lui en propose, le salaire est toujours dérisoire. C’est ainsi qu’il décide un bon matin de créer un cyber café. Son cyber café dénommé ‘’interconnexion’’ est situé au quartier Sabangali à côté de l’ONRTV. Un modeste local divisé en deux salles. L’une est encore en aménagement, l’autre contient 6 ordinateurs de bureau, 8 chaises pivotantes, une imprimante et une machine à reliure.
Il est 9 h quand nous arrivons mais le cyber est encore vide. Souleymane nous explique qu’il reçoit par jour une dizaine de clients en majorité des jeunes tchadiens. Il nous explique qu’ils viennent pour la plupart envoyer ou télécharger des fichiers sur internet, très peu de jeunes restent longtemps devant leurs ordinateurs pour s’informer et se cultiver. Le tarif de connexion du cyber est de 750 FCFA. Au Tchad, être « connecté » reste encore un luxe inabordable pour beaucoup.
‘’On est présentement en promotion, on est obligé de réduire le prix pour attirer du monde » affirme-t-il. Le tarif est certes moins cher que ses concurrents mais encore trop cher pour les jeunes habitants de la capitale.
Un peu plus loin, nous rencontrons un jeune du nom de Mahamat Nour, il est âgé de 17 ans. Lorsque nous l’interrogeons, il nous confie que lui se connecte sur internet grâce à son téléphone portable pour accéder à Facebook et échanger avec ses amis. ‘’ Les cybers cafés sont chers. Avec mon téléphone portable, même avec 200 FCFA je peux me connecter. Son ami, Josué, 17 ans est en classe de 5eme. : « J’utilise internet pour faire des recherches pour mes études ou chercher le sens de certains mots difficiles. Je me sers tout le temps de mon téléphone portable. »
Depuis l’arrivée d’internet au Tchad, notamment grâce à la téléphonie mobile, les jeunes tchadiens s’y intéressent beaucoup mais le prix est trop élevé pour eux et le débit de connexion est souvent trop lent. Nous, par exemple, avons l’habitude de traverser le pont de Ngueli pour nous connecter dans les cybers café à Kousseri, au Cameroun voisin. Là-bas, la connexion est meilleure et le tarif est de 500 FCFA l’heure. Les clients les plus fidèles comme nous pourrons même bénéficier de 3 heures de connexion pour 500 FCFA. Une vraie aubaine.
A quand une connexion abordable et de qualité pour les jeunes tchadiens ? Internet est un moyen de communication et d’information incontournable, si les jeunes tchadiens manquent le train de la technologie, ils n’auront pas accès aux mêmes ressources que les jeunes des autres pays ce qui risque de contribuer encore un peu plus à ce qu’on appelle la « fracture numérique » entre les jeunes des pays connectés et les autres. Pour un monde plus juste, la future génération doit être une génération connectée !
*Alphonsine et Nathan, membres du club des jeunes reporters ont participé à un atelier organisé à la Maison des Médias sur le thème « les jeunes dénoncent les inégalités » en anglais : #FightUnfair. Un groupe de 9 jeunes reporters sélectionnés accompagnés par de professionnels ont pu développer des produits créatifs (caricatures, visuels, etc.) sur le thème des inégalités.