Par Aicha Chir Nour
Il fait particulièrement doux, ce mercredi du mois de juillet à N’Djaména. Le soleil est plus clément qu’à son habitude et l’ambiance est à la célébration. Caméra et calepin en main, je décide de faire un petit tour dans ma ville pour immortaliser cette journée de fête. Dans la rue, les enfants sont habillés de leurs plus beaux vêtements. Entre amis, ils se déplacent en petits groupes, arborant des sourires joyeux et riant aux éclats. A mon passage, je me fais arrêter par certains d’entre eux qui, me prenant pour une photographe, me demandent de leur tirer le portrait. Aussitôt la photo prise, ils se précipitent vers mois pour se voir et rient encore plus forts, se moquant les uns des autres et de leur propre image.
D’autres me lançaient gentiment des ‘’Mabrouk al id’’ – ‘’Bonne Fête’’! La plupart, comme Abakar 12 ans et ses amis font le tour des voisins pour leur souhaiter et discuter un peu : ‘’Nos parents nous ont dit de ne pas trop nous éloigner alors on part voir notre oncle qui habite à quelques pas de la maison’’ précise-t-il.
L’Aïd al Fitr, qui annonce la fin du ramadan, est une des plus grandes fêtes dans le monde musulman et au Tchad. Aïd signifie fête en arabe et ‘Fitr’ la rupture du jeune. En ce jour spécial, les hommes après avoir fini la prière à la mosquée, se rendent chez leurs voisins, amis et proches pour leur souhaiter leurs meilleurs vœux à l’issue de ces 30 jours speciaux. Les femmes pour la plupart restent à la maison et discutent entre elles pour préparer le festin de la fête et les enfants sillonnent les rues portant leurs plus beaux vêtements tous neufs à la recherche du « Barkatal-id ».
‘Bar katal id’ en arabe tchadien signifie bénédiction de l’aïd ou cadeau qu’on donne aux enfants et qui est symbolisé le plus souvent par des bonbons, des pièces d’argent, des confiseries ou même des jouets.
« L’Aïd-el-fitr est non seulement une fête qui célèbre la fin du mois de ramadan, c’est à dire les 30 jours de jeun mais c’est aussi une fête pour les enfants. Les enfants passent en priorité et les parents veillent à cela’’. Témoigne Hissein, un père de famille.
‘’Il y a des familles qui n’ont pas beaucoup de moyens mais cette fête est la seule occasion pour eux d’offrir un habit et des chaussures à leurs enfants. C’est presque un devoir. L’Aïd c’est comme Noël,’’ ajoute-t-il.
Je continue alors ma promenade, et au quartier N’djari, je fais la rencontre d’une petite fille du quartier, Naima, 6 ans qui m’invite à entrer dans leur concession. Ses frères et sœurs courent à ma rencontre, curieux de savoir qui je suis.
‘’Aujourd’hui est un jour particulier donc notre porte est ouverte à nos voisins, à leurs enfants et à toute personne qui voudrait nous souhaiter bonne fête,’’ nous affirme la tante de Naima. ‘’J’aime beaucoup fêter l’Aïd parce que je reçois plein de cadeaux. Papa m’a acheté cette jolie robe que je porte et maman m’a offert des pâtisseries que j’ai partagé avec mes frères et sœurs. On est content, on mange, on chante et on s’amuse !’’ ajoute Naima, pleine de joie.
Dans la rue, les enfants se dépêchent pour terminer leurs visites et rentrer déguster en famille les bons mets de la fête. Certains se sont rassemblés sous un arbre pour jouer pendant que d’autres filent en courant à la boutique du quartier pour s’acheter des bonbons ou des jouets avec le ‘’Barkatal-id’’ qu’on leur a offert.