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Au Lac Tchad les enfants se passent le ballon pour apprendre

par Martina Palazzo

Il y a 30 ans, nous avons fait une promesse aux enfants : protéger et promouvoir leurs droits de survivre et de se développer, d’apprendre et de s’épanouir, de faire entendre leur voix et d’atteindre leur plein potentiel. Dans la région du Lac Tchad, cette promesse est plus que jamais d’actualité dans un contexte où les enfants, qu’ils soient réfugiés, déplacés internes, retournés ou membres des communautés hôtes, subissent les conséquences de la pauvreté et de l’exclusion sociale, de la violence et du potentiel enrôlement dans groupes armés, d’un quasi isolement dans les îles, de l’impact négatif du changement climatique, et de la persistance de certaines coutumes et traditions néfastes à la réalisation des droits des enfants.

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Chaque enfant a le droit de se reposer, de se détendre, de jouer et de participer à des activités culturelles et créatives (ART 31 de la Convention relative aux droits de l’enfant). © UNICEF CHAD/2019/Palazzo

Protection, action et changement de comportement sont les mots clés pour permettre à ces enfants de se construire un avenir meilleur et cela, même en situation de crise humanitaire. Les communautés concernées sont appelées à prendre conscience des faits, des risques et des conséquences sur l’avenir de la nouvelle génération afin d’agir de manière adéquate et prendre les décisions nécessaires en faveur des droits des enfants et des jeunes.

Afin de créer un encadrement plus favorable au respect des droits des enfants, UNICEF Tchad et ses partenaires ont décidé de travailler ensemble pour offrir aux enfants l’accès à une éducation de qualité et inclusive. L’une des figures les plus représentatives et centrales du système éducatif non formel de la province du Lac Tchad est le maître coranique, en même temps gérant d’une école et « père adoptif des élèves », car ces derniers lui sont confiés par leurs familles. Appelé également marabout, il porte sur ses épaules la responsabilité d’acheminer les enfants vers une place dans la société. Tout en considérant l’importance de leur rôle d’éducateurs, le projet a pour objectif d’accompagner les maîtres coraniques dans un processus d’autoréflexion et d’apprentissage des droits et besoins des enfants.

Mahamat Alhadjii nous raconte : « Aujourd’hui j’ai compris que mon rôle est aussi d’écouter les enfants et de prendre en compte leurs besoins, en leur donnant la parole pour exprimer leurs ressentis. Comme tout enfant, mes élèves ont des droits et doivent être protégés. J’ai appris cela lors de deux formations auxquelles j’ai participé. Grâce à ces moments d’apprentissage j’ai pu réfléchir sur l’impact de mes actions dans l’évolution des enfants. J’ai finalement accepté l’aide de l’ONG APSELPA pour démarrer le processus de réintégration des enfants désirant regagner leurs familles d’origine. »

Ce travail s’appuie sur une stratégie et efficace : former les formateurs de demain. En chiffres, 153 leaders religieux ont été formés sur les droits et la protection des enfants. A l’issue des formations, les participants ont développé quatre plans d’actions, qui ont permis de toucher 300 autres leaders religieux.

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Annour Mahamat Younouss, secrétaire générale adjoint du Comité Islamique de Bol. © UNICEF Chad/2019/Palazzo

« Ceci n’a pas été un travail facile, mais étant membres de la communauté, nous avons pu gagner la confiance des autres maîtres coraniques. », nous témoigne Annour Mahamat Younouss, secrétaire général adjoint du Comité Islamique de Bol, participant à l’une des premières formations en décembre 2018. « Nous les avons appuyés dans l’identification et la documentation des enfants à leur charge en vue de leur réintégration.  Grâce à cette approche, l’ONG APSELPA avec l’appui de l’UNICEF, a réussi à identifier jusqu’à présent une centaine d’enfants mouhadjirines, séparés de leurs parents. Ces enfants sont d’autant plus vulnérables, qu’ils se trouvent dans les localités affectées par les conflits armés. »

Les enfants mouhadjirines, séparés de leurs familles et accueillis depuis le plus jeune âge dans les centres coraniques, ont constaté un changement de comportement de leurs maîtres après que ces derniers aient bénéficié des formations sur les droits et protection de l’enfant, organisées par l’ONG APSELPA avec l’appui de l’UNICEF.

Comme nous le dit le jeune Abdou de 12 ans :

« Depuis 3 mois, j’ai constaté qu’il a complètement changé. Il m’a laissé parler avec un agent d’une organisation qui a pris mes cordonnées sur une fiche et m’a permis d’appeler mon père et ma mère. J’ai échangé avec eux au téléphone deux ans après notre séparation. J’étais tellement content. En plus, ils ont accepté que je rentre au village et que je vive avec eux. Je pourrai suivre l’apprentissage coranique là-bas. Papa m’a promis de m’inscrire également à l’école formelle du village. J’ai l’impression d’être dans un rêve. » 

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Un enfant parle à Lazare Ahmat, psychologue de l’éducation et du développement de l’enfant auprès de l’organisation APSELPA. © UNICEF CHAD/2019/Palazzo

Les enfants dits mouhadjirines sont exclus par une bonne partie de la communauté qui les considèrent davantage comme élèves d’une école coranique – plutôt qu’enfants, porteurs de droits. En effet, l’habitude veut que les parents décident de confier leurs fils (obligatoirement de sexe masculin) aux maîtres coraniques pour qu’ils apprennent/mémorisent les versets coraniques. Peu importe s’ils sont à des kilomètres de marche de distance. Pour ces enfants, la vie peut s’avérer difficile, d’une part du fait de la séparation avec leur famille d’origine, et d’autre part du fait de la discrimination qu’ils subissent au sein de la population d’accueil.

Afin de rassembler les communautés autour des principes d’intégration et d’inclusion et promouvoir le sport et le jeu comme des droits fondamentaux des enfants au même titre que l’éducation, le projet a fait du sport le moteur d’une nouvelle cohésion sociale. Plus de 4 300 enfants de 6 à 17 ans (dont un quart sont des filles) ont participé aux activités ludiques et sportives organisées par 16 jeunes contractualisés par la Délégation Régionale à l’Éducation et à la Jeunesse (DREJ) du Lac dans huit terrains de sport aménagés. Egalement, 987 enfants dont 311 filles ont pris part à des activités récréatives organisées par quatre Espaces Amis d’Enfants mobiles mis en place par l’ONG APSELPA avec l’appui de l’UNICEF à Bol et Baga Sola.

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Les enfants se retrouvent a l’Espace Ami des Enfants mobile de Bol. © UNICEF CHAD/2019/Palazzo

« J’avoue que le fait de voir des enfants mouhadjirines interagir avec les autres enfants de la communauté m’a impressionné. Maintenant ils parviennent à tisser des relations d’amitié, alors qu’avant ils n’échangeaient pas un mot. », dit Mallah Abba Ali, un enseignant de Bol qui a participé aux activités de sensibilisation dans les espaces amis d’enfants mobiles de Bol.

Boulama Brahim Mogodi, chef du quartier Boudoumari dans la ville de Bol, est du même avis :  » Ces moments de divertissement ont contribué à un brassage entre les enfants mouhadjirines et les autres enfants de la communauté qui ne jouaient pas ensemble auparavant. »

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Boulama Brahim Mogodi, chef du quartier Boudoumari à Bol. © UNICEF Chad/2019/Boukar

Les enfants se régalent et apprennent. Par exemple, Saleh Brahim de 12 ans a appris « l’importance de la scolarisation et des actes de naissance, ainsi que les différents moyens d’éviter les mines et les Restes d’Explosifs de Guerre. »

Jouer pour apprendre, apprendre pour grandir. En s’inspirant de cette phrase, le projet permet de créer un environnement sain et vertueux au service du développement personnel de tous les enfants, dans un contexte difficile qui exacerbe les vulnérabilités.

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Les enfants se passent le ballon et tissent des relations à l’EAE mobile de Bol. © UNICEF CHAD/2019/Palazzo

Si c’est vrai que ces enfants ne choisissent pas l’endroit où ils naissent, ils peuvent désormais avoir l’opportunité d’apprendre à choisir leurs camarades de vie, à comprendre le monde et à déterminer comment mener leur vie.

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Ce projet a été élaboré avec le Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle, en concertation avec le Cluster Éducation et le Groupe des Partenaires de l’Éducation (GLPE), dont UNICEF Tchad est chef de file. Financé par le Comité Français pour l’UNICEF, le projet présente une réponse à la situation d’urgence de la province du Lac Tchad suite à la crise Nigeria +, en venant en aide aux populations déplacées et hôtes. L’action, étendue sur 4 ans, vise à améliorer les conditions de vie des enfants et des jeunes à travers le renforcement d’une offre éducative inclusive et de qualité.

Pauvreté, analphabétisme et décès prématurés : comment inverser la tendance ?

 N’DJAMENA, 28 juin 2016 – Selon les tendances actuelles au niveau mondial, 69 millions d’enfants mourront principalement de causes évitables, 167 millions d’enfants vivront dans la pauvreté et 750 millions de femmes seront mariées pendant leur enfance d’ici 2030, date limite pour les Objectifs de développement durable, et ce à moins que le monde entier ne se préoccupe davantage du sort des enfants les plus défavorisés, explique un rapport de l’UNICEF publié aujourd’hui.

La situation des enfants dans le monde, le principal rapport annuel de l’UNICEF, présente un sombre tableau de ce qui attend les enfants les plus pauvres du monde si les gouvernements, les bailleurs de fonds, les entreprises et les organisations internationales n’accélèrent pas leurs efforts pour répondre à leurs besoins.

« Refuser à des centaines de millions d’enfants l’égalité des chances menace plus que leur avenir : alimenter les cycles intergénérationnels d’inégalités met en danger l’avenir de leurs sociétés », a affirmé le Directeur général de l’UNICEF, Anthony Lake. « Nous avons un choix à faire : investir dans ces enfants dès à présent ou laisser notre planète devenir plus divisée. »

Au Tchad, la garantie de chances équitables ne profite pas qu’aux enfants. Elle permet à toute la société de bénéficier de leurs compétences, talents et potentiel et favorise les progrès sociaux et économiques. Un Tchad plus équitable promet de meilleures perspectives de croissance de prospérité et de stabilité. A l’occasion du lancement de ce rapport mondial, un événement spécial – organisé à la Maison des Médias à N’Djaména – a permis de faire un état des lieux de la situation des enfants au Tchad. De nombreux progrès ont été acquis ces dernières années mais le chemin reste encore long :

  • Entre 2010 et 2015, la mortalité infantile est passée de 106 pour 1000 naissances vivantes à 72 pour 1000 ;
  • Entre 2010 et 2015, le nombre d’enfants vaccinés a triplé passant de 8% à 25% ;
  • Entre 2010 et 2015, le nombre d’enfants qui dort sous une moustiquaire a triplé de 12% à 36%.

« En regardant ces chiffres, nous devons impérativement accélérer le rythme des progrès réalisés pour atteindre ces millions d’enfants défavorisés et vulnérables, sous peine de mettre en péril leur avenir et, par conséquent, l’avenir même du Tchad », a déclaré Bakary Sogoba, Chef du Programme Protection de l’enfant de l’UNICEF au Tchad. « Les obstacles qui empêchent d’atteindre ces enfants ne sont pas d’ordre technique. Il s’agit plutôt d’une question d’engagement, il s’agit d’une question de ressources et il s’agit d’une question de volonté collective, » a-t-il conclu.

Télécharger le rapport et le contenu multimédias sur :

http://weshare.unicef.org/Package/2AMZIFFS4KH

 

Concours Médias: Portraits des Champions des Droits de l’Enfant

N’Djaména. 8 juin 2016. Ce concours destiné aux médias nationaux vise à encourager les journalistes à faire entendre la voix des enfants et mettre en avant les initiatives menées en leur faveur.

La Maison des Médias du Tchad, en partenariat avec l’UNICEF, organise un concours destiné aux journalistes pour la production de portraits de « Champions des droits de l’enfant » dans divers médias (presse écrite, radio, TV, web).

Ce concours permettre de mettre en évidence l’engagement de ces champions des droits de l’enfant et inspirer le public à défendre la cause des enfants. Qu’ils soient enseignants, infirmiers, animateurs ou simples citoyens engagés pour les enfants, leurs contributions méritent d’être valorisées.

Le concours est spécialement ouvert aux journalistes, chroniqueurs, producteurs, blogueurs et animateurs. Il portera sur les œuvres réalisées entre le 1er janvier et le 1er novembre 2016.

Quatre prix seront remis aux meilleures productions journalistiques en Radio, Télévision, Presse écrite et Presse Numérique. Les œuvres doivent parvenir à la Maison des Médias du Tchad avant le mardi 1er novembre 2016 au plus tard. Les prix seront décernés à N’Djaména, le 20 novembre 2016, à l’occasion de la Célébration de la Journée Internationale des Droits de l’Enfant.

Pour consulter le règlement du concours:   Reglement-Champions4Children_2016_FINAL

Pour plus d’informations, contactez :

Maison Des Médias Du Tchad
Quartier Moursal ; Rue 5010 carré 19 (Proche Aurora) ; BP: 4392 N’Djaména-Tchad. Tel : +235 62 54 87 11 ; E-mail : [email protected]

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