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SORTIR DE LA MALNUTRITION PAR LA PORTE DE LA VIE

par Martina Palazzo

Qu’est-ce que tu ferais si ton enfant avait la fièvre, vomissait et refusait de s’alimenter ?

Balkisa n’a eu aucun doute. Elle a amené sa petite Youssoura, âgée à peine de 21 mois à l’hôpital de Mao. C’était un jour de juillet, quand la fraîcheur des premières pluies soulageait les populations du sable au bon milieu de la ceinture sahélienne. Ici un enfant sur huit meurt avant d’atteindre l’âge de 5 ans pour des maladies  infantiles courantes, principalement le paludisme, la pneumonie et la diarrhée, avec la malnutrition comme facteur contributif majeur. D’ailleurs Mao est situé dans l’une des 12 provinces du Tchad qui présentent un taux de malnutrition aigüe global supérieur à 15%, seuil d’urgence pour l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Des chiffres* qui ne laissent rien à l’imagination, des numéros qui prennent la forme d’une sirène rouge appelant à l’alerte et à l’action.

Enfant gueri de la malnutrition
Balkisa garde dans son portable une photo de Youssoura quand elle était malade.
© UNICEF CHAD/2019/Palazzo

Youssoura était sévèrement malnutrie selon le diagnostic de l’agent de santé. Elle avait perdu du poids et n’avait plus de force. Son petit sourire n’éclaircissait plus son visage. L’action immédiate était de l’admettre dans le programme de prise en charge afin de sauver sa vie. C’est ainsi que débuta le traitement avec l’antibiothérapie et la réhabilitation nutritionnelle avec l’aliment thérapeutique prêt à l’emploi communément appelé le Plumpy Nut – 3 sachets par jour- dans une Unité Nutritionnelle Ambulatoire (UNA). Après quelques semaines de traitement, Youssoura avait repris le poids selon sa maman qui priait le bon Dieu d’avoir sauvé son enfant. Malheureusement, il s’en ait suivi 5 semaines plus tard une épisode de paludisme et de déshydratation qui conduit l’enfant et sa maman à l’hôpital de Mao encore une fois.

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Achta, infirmière de l’UNA de Mao Centre, nous montre une photo de Youssoura s’alimentant à travers la sonde. © UNICEF CHAD/2019/Palazzo

« Je pensais que j’allais perdre Youssura, mon seul enfant. Je ne pouvais plus travailler, car je ne la laissais une seule minute », nous témoigne Balkisa, jeune mère d’origine nigériane, vivant avec ses 2 coépouses et leurs enfants au centre-ville de Mao. Leur mari est parti un jour pour le Niger et n’est jamais rentré. Un accident de moto l’a arrêté, gravement blessé, sur le chemin pour son village natal où les funérailles de son père avaient eu lieu. Depuis lors, aucune nouvelle. L’absence de l’homme a fait de la famille matriarcale un soutien indéniable pour Balkisa. « Durant les deux mois et demi, faits de va et viens entre la maison et les services de santé, mes coépouses me consolaient, me préparaient à manger et survenaient aux besoins du foyer. Elles m’ont beaucoup aidé », continue Balkisa.

Enfant gueri de la malnutrition
Balkisa et Youssoura sont en compagnie de Zouwayra, deuxième coépouse, à la maison.
© UNICEF CHAD/2019/Palazzo

Deux mois et demi, cela a été le temps de maladie de Youssoura, le temps de descendre jusqu’au fond du puit et remonter vers la lumière du midi. Un clin d’œil pour un enfant qui a toute une vie devant, si et jamais, entre autres, ait la chance d’avoir accès aux services médicaux de qualité et à une alimentation adéquate, variée, et équilibrée.

Enfant gueri de la malnutrition
Balkisa donne du jus de fruit naturel à Youssoura. © UNICEF CHAD/2019/Palazzo

Youssoura mange tout maintenant et joue avec ses frères et sœurs à faire la cuisine.

Enfant gueri de la malnutrition
Youssoura prend son gouter. © UNICEF CHAD/2019/Palazzo
Enfant gueri de la malnutrition
Youssoura joue dans la cour de sa maison avec son frère et deux voisines. © UNICEF CHAD/2019/Palazzo
Enfant gueri de la malnutrition
Youssoura regarde sa maman préparer le feu pour la cuisine. © UNICEF CHAD/2019/Palazzo

«Je suis contente de voir un enfant passer par des complications médicales et ensuite retrouver la santé », nous dit Achta, infirmière de l’UNA de Mao Centre qui a suivi ce cas. «La maman de Youssoura m’a aidé pendant l’administration du traitement. Elle respectait les doses et écoutait mes conseils. Elle venait régulièrement aux contrôles. La réussite dépend aussi des mères et de leur rôle de protectrices à la maison où nous – les agents de santé- ne sommes pas présents. Balkisa est tellement collaborative, qu’elle nous aide à sensibiliser les autres femmes du village. » En effet, elle utilise l’histoire de sa fille pour convaincre et accompagner les mères à aller à l’hôpital dès qu’elles observent des signes inhabituels chez leurs progénitures.

photo UNA
Balkisa et Youssoura vont à l’UNA de Mao pour une visite de suivi avec Achta.
© UNICEF CHAD/2019/Palazzo

Qu’est-ce que tu rêverais pour le futur de ton enfant, s’il/elle avait failli mourir de malnutrition ? Balkisa répond sans hésiter : « Je rêve qu’elle devienne doctoresse pour aider les autres enfants, comme Achta l’a fait pour elle au moment de la maladie ! »

Enfant gueri de la malnutrition
Balkisa, Youssoura et l’amour maternel. © UNICEF CHAD/2019/Palazzo

*Enquete SMART 2019/UNICEF Tchad

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Pour prévenir la malnutrition, assurer une prise en charge adéquate de la malnutrition aiguë sévère et éviter les rechutes, l’UNICEF soutien- grâce au financement d’ECHO -l’amélioration de l’accès aux services nutritionnels à travers le traitement des cas sévères, mais aussi le renforcement de la prévention par des approches novatrices comme l’approche communautaire sur les 1 000 premiers jours, la détection précoce des enfants malnutris et leur référencement vers les formations sanitaires, la prise en charge adéquate par le renforcement des capacités des agents de santé et l’appui en équipements et intrants nutritionnels, l’accès à l’eau, aux services d’assainissement et d’hygiène dans les centres nutritionnels, pour les enfants de moins de 5 ans. Le présent projet cible 40 000 enfants de 0 à 59 mois souffrant de malnutrition aiguë sévère (MAS), dans 16 provinces prioritaires du Tchad qui sont parmi les plus affectés par la malnutrition aiguë.

 

« C’est la Vie ! » : Lancement officiel de la série télévisée au Tchad

1ère série africaine d’éducation par le divertissement bientôt sur les chaines télévisées tchadiennes grâce au Fonds Français Muskoka.

N’Djamena, 26 Avril 2017 – L’Ambassade de France au Tchad organise, le mercredi 26 avril à l’Institut français du Tchad, une cérémonie de remise de l’intégralité de la première saison de « C’est la Vie ! » (26 épisodes de 26 minutes) aux trois chaînes de télévision nationales : la Télé Tchad, Electron TV et Al Nassr TV, qui se sont engagées à diffuser la série sur leur antenne.

« Cette série, qui permet de communiquer de manière innovante, a pour objectif d’informer et de sensibiliser un très large public sur la santé en général et les violences de genre » a déclaré l’Ambassadeur de France au Tchad S.E.M. Philippe Lacoste. « Pendant 26 minutes, les téléspectateurs peuvent suivre le quotidien d’un centre de santé qui essaie de soigner les habitants mêlant à la fois des moments de joies mais aussi de malheurs. Le ton est humoristique, sans pour autant gommer les aspects dramatiques ».

Cette série a pour but de sensibiliser les jeunes et les adolescents aux bonnes pratiques en matière de santé. Plein d’humour et de conseils pratiques, le feuilleton traite également des réalités socio-culturelles qui ont une forte influence sur la santé maternelle, néonatale et infantile.

« Lancée en 2010 lors du sommet G8, l’initiative Muskoka est mise en œuvre à la fois via le canal bilatéral, géré par l’AFD, et le canal multilatéral, avec notamment le Fonds Français Muskoka mis en œuvre conjointement par l’UNICEF, l’OMS, l’UNFPA et ONU-Femmes dans 8 pays dont le Tchad » a rappelé l’Ambassadeur de France au Tchad S.E.M. Philippe Lacoste. Depuis 2012, la France a accordé 24.8 millions d’euros au Tchad pour lutter contre la mortalité maternelle et infantile.

En dépit de progrès significatifs au Tchad, les indicateurs de santé maternelle, néonatale et infantile demeurent inquiétants. Selon les résultats de l’enquête Démographique et de Santé et à Indicateurs Multiples (EDS-MICS) de 2014-2015, le taux de mortalité maternelle est passé de 1099 décès pour 100 000 naissances vivantes en 2004 à 860 décès pour 100 000 naissances vivantes en 2014, le taux de mortalité infantile est passé de 102 pour 1000 naissances vivantes en 2004 à 72 décès pour 1000 naissances vivantes en 2014.

Pour plus d’informations ou pour des demandes d’entretien, veuillez contacter :

Sarah Mokri, Attachée de Coopération, Ambassade de France au Tchad : [email protected]

Maria Fernandez, Chef de Communication, UNICEF, Tel: +235 66 36 00 42, [email protected]

Toussaint Mbaitoubam, Chargé de Communication, UNFPA, Tel: +235 66 27 50 33, [email protected]

Jonas Naissem, Chargé de l’Information et Promotion de la Santé, OMS, +235 66 29 47 20, [email protected]

Merveille : « Jouons ensemble. Il ne faut plus se battre »

Par Cindy Cao

Feiganazoui Merveille, jeune fille centrafricaine, a fui l’horreur de la guerre. Arrivée en tant qu’enfant non-accompagnée au Tchad, elle vit aujourd’hui aux côtés d’autres réfugiés et retournés tchadiens. Rencontre.

Alors que d’autres jeunes filles de 14 ans apprennent, s’amusent, grandissent et s’épanouissent, Merveille, elle a connu un destin différent. A 14 ans, elle a vu ses parents mourir sous les balles en République Centrafricaine (RCA).

« Il était 3 heures du matin quand les attaques ont commencé et j’ai couru vers l’Ecole de la Liberté. Vers 15h, il y a eu de nouvelles attaques et mes parents sont morts. Ils fuyaient ensemble et on leur a tiré dessus. Je les ai vus. Ils étaient derrière moi, » continue Merveille d’un ton placide. « Puis, j’ai vu un véhicule du Gouvernement tchadien et je n’ai pas réfléchi. J’ai sauté dedans. Mes frères et mes sœurs sont restés à Bossangoa. Depuis, je n’ai aucune nouvelle de ma famille.»

Le récent conflit en RCA a affecté le Tchad plus que les autres pays limitrophes car il a non seulement entrainé un afflux important de réfugiés, mais aussi et surtout, une arrivée massive de Tchadiens installés en Centrafrique depuis des générations. Cet afflux de populations a créé une pression additionnelle importante sur les infrastructures sociales de base et les communautés elles-mêmes extrêmement vulnérables.

Grâce au soutien de l’Union Européenne, via l’Instrument de Stabilité et de Consolidation de la Paix, cinq agences des Nations Unies (UNICEF, FAO, UNHCR, IOM, PAM) interviennent dans plusieurs domaines pour améliorer les conditions de vie des réfugiés, retournés et des communautés hôtes dans les zones d’accueil du sud du Tchad.

Enseigner la paix

« Je vis seule dans un abri sur le site, » continue la jeune fille. « Je suis contente parce que le site est sécurisé. Je veux rester ici jusqu’à ce qu’il y ait la paix en Centrafrique. » Ici, Merveille a accès à des services de santé. « Il y a un mois, je suis tombée malade. Je suis allée au centre de santé. J’ai eu droit à une consultation et reçu des médicaments. » 

La jeune fille envisage un avenir en paix auquel elle contribuera. Pour y arriver, elle mise sur l’éducation. « Je vais à l’école sur le site et je suis en CM2. Plus tard, j’aimerais devenir enseignante pour pouvoir donner conseil aux enfants et promouvoir la paix. J’organiserai des matchs de football avec les enfants pour promouvoir l’esprit d’équipe. Nous sommes tous frères et sœurs, il ne faut plus se battre. Il faut jouer ensemble. »

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